HANS MARTIN HERLOFF

Le magnifique travail de ce photographe danois dans l’Europe ravagée par la 2eme guerre mondiale n’a été découvert qu’en 2016. En voici une partie, mise en lumière par Charlotte Schousboe.

The wonderful work of this Danish photographer in Europe ravaged by the 2nd World War was only discovered in 2016. Here is a part highlighted by Charlotte Schousboe.

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charlotteschousboe@gmail.com

                                                                                                                 

J’ai découvert l’existence de Hans Martin Herloff, né en 1900, tandis que j’effectuais des recherches sur une opération humanitaire danoise ayant permis de sauver des enfants de la famine après la guerre de 1939-1945.

Peu à peu, j’ai pu mettre au jour ses photos émouvantes, d’une grande qualité, et son engagement dans une période tragique.

- 1943 : Faisant partie de la résistance, Herloff est envoyé en Allemagne avec une carte de presse. Il transmettra des informations au Danemark jusqu’à la fin de la guerre et prend des centaines de clichés dans Berlin. Beaucoup seront publiés à son retour, en 1945, dans les plus grands journaux danois de l’époque. En revanche, son projet de livre « Danse macabre à Berlin » n’aboutira pas.

- 1947 : Une nouvelle aventure commence. A la demande des associations humanitaires Red Barnet et Røde Kors (Save the Children et la Croix Rouge), il fixe sur la pellicule la population en détresse, notamment les enfants. Ses photos prises en Allemagne, Pologne, Autriche, Hongrie et au Danemark sont d’un humanisme infini. Il en tirera aussi un film : « Il faut qu’ils apprennent à vivre » et écrira et réalisera une fiction : « Aussi fort que la tempête ».

 - 1950 : Herloff travaille sur un autre terrain, en France, à la demande d’un magazine danois. Dans les vignobles bordelais, il effectue des photos et un film documentaire en couleur et réalise également un reportage à Cognac dans les immenses caves Rémy Martin où se trouve, exposé sur un tonneau, un masque mortuaire de Napoléon.

  A partir de là, la vie de Herloff reste mystérieuse. Je sais seulement qu’il avait une femme, Adda et une fille, Lillian, et qu’il est mort en 1960.

 - 1998 : Ses négatifs refont surface par miracle. A Nyborg, petite ville danoise de 16500 habitants, plusieurs cartons contenant les archives d’Herloff sont récupérés par la police locale dans une maison isolée près d’un lac; cette maison existe toujours. La police dépose les cartons aux archives municipales de Nyborg dont le responsable, Leif, est encore en activité. Ces précieux documents s’endorment de nouveau.

 - 2016 : Je les découvre et mets en valeur une partie de son travail dans le documentaire « Opération Sauver les enfants » dont je suis l’auteur avec le réalisateur Jean-Charles Lassus.

 - Novembre 2018 : Diffusion de ce documentaire de 60 minutes sur Planète (Canal +).


Charlotte Schousboe                          

 Textes adaptés par Patricia Gandin 

© TOUS DROITS RÉSERVÉS © ALL RIGHTS RESERVED

I discovered the existence of Hans Martin Herloff born in 1900, while I was researching a Danish humanitarian operation that helped to to save children from famine after the 1939-1945 war. Little by little, I was able to reveal his moving photos of great quality, and its commitment in a tragic time.

-1943: As part of the resistance, Herloff is sent to Germany from where he will transmit information to Denmark until the end of the war. 

At the same time, he takes hundreds of shots in Berlin and also in Poland, Hungary. Many will be published on his return, in 1945, in the largest Danish newspapers of the time.But his book project "Danse macabre à Berlin" will not be published.

-1947: A new adventure begins. At the request of humanitarian organizations Red Barnet and Røde Kors, he fixes on film the population in distress, especially children. His photos are of infinite humanism. He will also make a movie: "They must learn to live" and will write and realize a fiction: "As strong as the storm".

-1950: Herloff works on another field, responding to an order from a Danish magazine, he carries out a report in the Bordeaux vineyards at "Château Cantemerle", for which he makes photos and a documentary film in color. He also realizes a report in Cognac in the cellars Remy Martin where there is a death mask of Napoleon.

From there, Hans Herloff's life remains mysterious. I only know that he died in 1960 and that he was married to Adda and had a daughter Liliane.

-1996: His negatives miraculously reappear and are saved and preserved by the archives of the city of Nyborg in Denmark, then they fall asleep again.

-2016: I discover Herloff work and use some of his pictures and films in documentary “Operation Save the children” I am the author. The movie is directed by Jean-Charles Lassus.

November 2018: Broadcast of this 60-minute documentary on Planéte (Canal+)

Charlotte Schousboe

© TOUS DROITS RÉSERVÉS © ALL RIGHTS RESERVED

                            

Lettres publiées dans le journal « Morgenbladet » et tirées du livre d’Herloff :
« Danse macabre à Berlin ».  Textes adaptés par Patricia Gandin 

"Chaque reportage réalisé en Allemagne, pendant mon séjour, était risqué. Je réduisais les films aux dimensions d’une boîte d’allumettes pour les faire passer en Suède puis au Danemark.
Le dernier Noël à Berlin, je l’ai passé entre les ruines. Le soir du 24, j’ai entendu le « Tirrekassemanden » et quelques fausses notes de « Douce Nuit» qui s’échappaient d’un orgue de Barbarie. Des enfants de 4 ou 5 ans l’entourait ; ils n’avaient jamais connu un Noël en temps de paix.
J’ai donné quelques petites pièces à l’organiste en espérant qu’il arrêterait la musique, cette musique qui me rappelait ma famille, ma maison, si loin… Il arrêta seulement quand je lui ai tendu un ticket de rationnement valable pour un morceau de pain noir.
Cette nuit-là, quand les bombardements ont commencé, je me suis réfugié, avec des milliers de Berlinois, dans le métro Alexanderplatz. Pendant les poses, certains essayaient de repartir chez eux mais ils revenaient vite sous un pilonnage intense.
En rentrant chez moi, au petit matin dans un froid glacial, mes pensées allaient vers la France, l’Angleterre, la Pologne, la Belgique… J’étais au milieu d’Allemands aussi frigorifiés que moi mais qui, quelques années auparavant, étaient si fiers en croyant conquérir le monde".


"Le samedi 3 février 1945 restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Les sirènes ont retenti plus tôt que d’habitude. Sans trop m’inquiéter, je me suis dirigé vers un abri près du zoo mais on m’en a interdit l’accès : le bunker n’abritait que des femmes et des enfants.
J’ai marché vers le parc Tiergartens devenu un cimetière de voitures et de troncs d’arbres et je me suis réfugié dans un cratère d’obus, bien profond.
Il faisait un temps magnifique, une de ces journées où le printemps semble s’épanouir, très en avance. Mais le cratère était inondé après les dernières pluies.
L’attaque commença dans un bruit métallique de machines de guerre. La terre tremblait, les éclats d’obus tombaient autour de mon abri soulevant la terre qui retombait sur moi. Je commençais à regretter de n’être pas resté en plein air tout en essayant de garder mon calme et de maîtriser les battements de mon cœur. C’était difficile dans cet enfer. Le ciel était noir, noir d’avions qui volaient très bas, noir de nuages de fumées… Berlin brûlait.
Un bruit effrayant, indescriptible m’a fait enfoncer la tête dans la boue pensant ma dernière heure arrivée. Quand j’ai enfin eu le courage d'en sortir et d’ouvrir les yeux, j’ai vu le visage d’un noir au-dessus de mon cratère. C’était un pilote américain dont l’avion venait de s’écraser près de moi. J’étais seul près de cette carcasse d’avion, de son moteur qui prenait feu et de ce noir mort au-dessus de moi.
Je me suis dit qu’il ne semblait pas aussi mort qu’un blanc ! Mais était-il vraiment mort ? Je pouvais peut-être le secourir. J’ai grimpé hors de mon trou comme je le pouvais et j’ai touché son visage, il était froid.
J’ai poussé sa tête hors du cratère pour ne plus voir son regard et je suis redescendu dans cette fosse où j’ai passé encore quatre heures"
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